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« Dans un mouvement exceptionnel »

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, pense que le mouvement social est aujourd’hui plus fort que le gouvernement. Pour la suite, la « démocratie va être essentielle ».

Après les manifestations de samedi, la mobilisation prend-elle un sens nouveau ? Bernard Thibault. C’est une nouvelle étape : la mobilisation s’est installée dans le pays. La journée de samedi conforte un mouvement qui dure, rendez-vous après rendez-vous, malgré le gouvernement et le président de la République qui ne cessent de répéter qu’ils ne céderont pas sur le recul de l’âge de départ à la retraite. Nous avons fait un pari en choisissant une mobilisation un samedi, ce qui n’est pas habituel dans la pratique syndicale en France. De telles mobilisations ne réussissent qu’à des moments exceptionnels. Le succès d’aujourd’hui montre que nous sommes justement dans un mouvement exceptionnel.

Parce qu’il y a eu aussi un public nouveau ? Bernard Thibault. Oui, il y a eu un renouvellement très important du profil des manifestants. Sans doute pour la moitié, nous avons vu manifester ceux qui ne peuvent pas sortir de leur entreprise par peur de représailles ou de licenciement, des jeunes qui ne sont pas spectateurs, qui deviennent de plus en plus acteurs de la mobilisation. Nous ne sommes pas dans un baroud d’honneur. Il y a une véritable détermination à ne pas laisser passer ce recul social. Ce qui me fait dire que si le gouvernement et le chef de l’état persistent, nous allons vers une crise lourde. Le pouvoir est dans le déni, il a choisi une position radicale.

Vous avez déclaré vendredi que les grèves reconductibles n’étaient pas à exclure. Est-ce que ça veut dire que la CGT va pousser en ce sens ? Bernard Thibault. L’intersyndicale a souhaité une multiplication des initiatives dans les territoires et les entreprises. Nous, nous voulons promouvoir la méthode des assemblées générales, des assemblées de personnel, des consultations dans les entreprises pour poser la question : « Que pouvons-nous faire ensemble ? » Pour réussir la suite, la démocratie va être essentielle. Tout ce qu’on envisage de faire doit contribuer à un élargissement, et en même temps, nous avons un calendrier qui se resserre. Nous savons que, dans certains secteurs, les salariés sont disponibles pour des grèves qui ne se limiteront pas à vingt-quatre heures.

Le gouvernement joue le bras de fer. Nicolas Sarkozy lie la réussite de la réforme à l’élection présidentielle de 2012 En quoi cela pèse-t-il sur le mouvement ? Bernard Thibault. Je pense qu’un gouvernement, quel qu’il soit, qui ignore à ce point un mouvement social, se condamne pour les prochaines échéances électorales. La question désormais est moins « combien cette réforme peut contribuer à la réélection de Nicolas Sarkozy », que « combien cette réforme, s’il la fait adopter malgré les protestations, pèsera sur sa défaite et celle de sa majorité ». 70 % de la population est opposée à ce projet, sur une question qui structure en profondeur leur vie

Cela signifie que vous croyez toujours pouvoir le faire reculer ? Bernard Thibault. Je crois que dans la majorité gouvernementale, on prend la mesure de ce qui se passe. On commence à entendre çà et là des petites musiques différentes. Chez les sénateurs, il y a des signes qui montrent les inquiétudes sur les répercussions politiques de la protestation.

C’est donc le moment pour les syndicats de tenir bon ? Bernard Thibault. Le gouvernement ne dit plus que la réforme est juste, il ne lui reste plus comme argument qu’elle est incontournable, un mal nécessaire ! La campagne menée par les syndicats, dont l’unité a été un des facteurs de réussite, a renversé totalement la tendance. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes plus forts que le gouvernement. A partir du 12 octobre, le mouvement peut prendre une nouvelle configuration sur la base de décisions prises par les salariés, avec des formes d’actions multiples.

Entretien réalisé par Olivier Mayer

Article publié le 6 octobre 2010.


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