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Les syndicats se convertissent à la croissance verte

Le syndicalisme international veut faire de la croissance verte un de ses combats. C’est le message fort du congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI), qui s’est achevé vendredi 25 juin à Vancouver (Canada).

Manifestation la plus visible de cette évolution : le directeur international de Greenpeace, le Sud-Africain Kumi Naidoo, était présent au même titre que le directeur général de l’Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, ou celui du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn. "La CSI œuvrera pour un travail décent dans le cadre d’une économie verte", a déclaré l’Australienne Sharan Burrow, la nouvelle secrétaire générale de l’organisation, élue vendredi, en remplacement du Britannique Guy Rider. La CSI regroupe 311 organisations de travailleurs représentant 168 millions de membres dans 155 pays et territoires.

Le rapprochement entre les syndicats et le mouvement écologiste est récent. Chaque partie souligne les efforts mutuels qui ont été accomplis. "Les mouvements comme Greenpeace reconnaissent dorénavant que nos préoccupations en matière d’emplois et de salaires sont légitimes, explique Guy Rider. Il y a cinq ans, ils refusaient de nous entendre au motif que l’environnement devait être défendu quel qu’en soit le prix."

Les écologistes assument cette mutation. "Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il fallait rapprocher les points de vue, malgré les tensions. Quand on réclame la fermeture d’une usine polluante, nous devons savoir quel impact cela aura sur l’emploi", fait valoir Kumi Naidoo. Greenpeace se bat pour l’abandon des énergies fossiles et prône la transition vers des sources d’énergies renouvelables sans oublier désormais de mettre en avant les emplois qui seront créés. Dans la dernière version, publiée en juin, de son document de référence sur la "révolution énergétique", l’Organisation non gouvernementale estime que d’ici à 2030, 12 millions d’emplois "verts" peuvent être créés.

Côté syndical, l’optimisme reste tempéré. "Dans les Asturies, les mines de charbon employaient 45 000 personnes. Aujourd’hui, il ne reste que 6 500 mineurs et nous n’avons pas trouvé d’activité de remplacement", constate Javier Doz, des Commissions ouvrières, la principale organisation syndicale espagnole. "Le secteur de la construction, pilier de la miraculeuse croissance espagnole qui s’est effondrée avec la crise, devrait être un des secteurs de cette transition vers l’économie verte. Mais nous attendons.", poursuit-il.

Comment marier croissance économique et développement durable ? "Petit à petit, notre réflexion syndicale, fondée sur l’analyse des rapports entre le capital et le travail, a intégré les questions de la santé, de la pollution", explique Marcel Grignard, de la CFDT française, tout en soulignant que "la bataille pour un travail décent reste fondamentale".

"Aujourd’hui, les camarades des pays du Sud, les Africains, les latinos montent au créneau sur le changement climatique parce qu’ils en subissent les conséquences, mais ils conservent aussi leur ambition légitime en matière de développement économique", ajoute, pour sa part, Guy Rider. "Quand les gens ont faim, ils prennent n’importe quel boulot et on ne peut le leur reprocher", rappelle Bheki Ntshalistshali, de la Cosatu sud-africaine.

Au Sierra Leone, "les syndicats se battent pour de meilleures conditions de vie et de travail mais ils n’oublient pas l’environnement dont la dégradation aggrave la situation de beaucoup de personnes", raconte Gladys Branche du Sierra Leone Labour Congress (SLLC).

"Le changement climatique a perturbé le rythme des saisons, les agriculteurs ne savent plus vraiment quand ils doivent planter et tout cela a des conséquences sur la satisfaction des besoins alimentaires de la population", explique Mme Branche.

La conversion verte du syndicalisme est pragmatique. Pour Laura Martin Murillo, de l’organisation Sustain Labor, qui travaille pour les syndicats sur ces questions, "la réflexion, après être longtemps restée très théorique, est devenue concrète : les syndicats pensent l’économie de demain."

L’économie verte est une opportunité pour les pays du Nord confrontés à la désindustrialisation. "La transformation de l’économie est inévitable et elle doit devenir une opportunité pour la création de nouveaux emplois", explique la jeune femme. L’emploi était avant un argument pour s’opposer à toute évolution. C’est aujourd’hui le contraire.

Article publié par Le Monde (Rémi Barroux)

Article publié le 30 juin 2010.


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